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Александр Герцен - Том 7. О развитии революционных идей в России

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Александр Герцен - Том 7. О развитии революционных идей в России
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Название:
Том 7. О развитии революционных идей в России
Издательство:
Издательство АН СССР
Год:
1954
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Описание книги "Том 7. О развитии революционных идей в России"

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Настоящее собрание сочинений А. И. Герцена является первым научным изданием литературного и эпистолярного наследия выдающегося деятеля русского освободительного движения, революционного демократа, гениального мыслителя и писателя.

Седьмой том сочинений А. И. Герцена содержит произведения 1850–1852 годов. Помещенные в томе статьи появились впервые на иностранных языках и были обращены в первую очередь к западноевропейскому читателю, давая ему глубокую и правдивую информацию о России, русском народе, освободительном движении и культуре. В томе помещены также статья «Michel Bakounine» («Михаил Бакунин») и два открытых письма Герцена, относящихся к пережитой им в эти годы семейной драме.

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Windichgraetz était enchanté des barricades à Prague, tout comme Marrast et Cavaignac l'ont été le 22 juin 1848 à Paris. Il bombarda la ville pendant six jours. Dès le commencement du combat Bakounine descendit dans la rue, mais à la fin il u У avait rien à faire. Windichgraetz devait écraser par les canons et les masses. La population montrait des sympathies autrichiennes. Bakounine abandonna la ville, lorsque la défaite était consommée et alla attendre de meilleurs jours à Dessau.

Jamais dans aucun pays on n'a vu un spectacle plus ignoble, lâche, que celui que donnaient au peuple allemand leurs gouvermants en 1849. Louis-Napoléon, Pie IX sont des héros de Dité de franchise et de loyauté à côté de ces misérables Habsburg et Hohenzollern avec leurs collègues de Saxe, Wurtemberg, Hesse, Bade, etc. Le spectacle de ces trahisons, de ces parjures, petites cruautés à la fois sanguinaires et mesquines, qui indignèrent Paskévitch en Hongrie, rendit furieux les derniers hommes libres en Allemagne, qui n'avaient pas fléchi devant la réaction; on était plus qu'indigné: le cœur se remplissait d'un désir insurmontable de vengeance et de représailles. Les monstruosités commises par les Prussiens dans le duché de Bade, par exemple, étaient telles, que j'ai entendu de braves bourgeois allemands, qui, leur vie entière, n'ont jamais osé penser à contester les droits des rois et des grands, me dire, pâles et tremblants de rage: «Ah! si un jour nous pouvions étrangler de nos mains un officier prussien!» Le parti révolutionnaire, sous cette influence nerveuse et fébrile, avec l'exaltation du désespoir et de l'offense, tenta un suprême effort à Dresde.

Bakounine était là, triste, irrité; il n'en pouvait plus, comme le montrait une lettre qu'il adressa à un de ses amis de Ko then avant la révolution de Dresde. Dès que le mouvement se prononça à Dresde, il apparut sur les barricades, on l'y connaissait et on l'y aimait beaucoup.

Un gouvernement provisoire fut constitué. Il vint lui offrir ses services. Plus énergique que ses amis, sans être investi d’un commandement formel, il devint le chef militaire de la ville assiégée. C'est là qu'il manifesta non seulement un courage, mais aussi une présence d'esprit héroïques, imperturbables.

Lorsqu'il apprit que les soldats du roi n'étaient pas bien decidés à massacrer leurs frères, qu'ils avaient des scrupules,qu’ils ménageaient même les édifices, Bakounine proposa de mettre les chefs-d'œuvre de la galerie de Dresde sur les murs et barricades. Cela aurait effectivement arrêté les assiégeants. «Et s'ils tirent?» – répliquèrent les membres de la municipalite. «Tant mieux, laissez-leur l'infamie de cette barbarie. La municipalité esthétique ne le voulut pas. C'est ainsi qu'une série de mesures révolutionnaires et terroristes, prposées par Bakounine, fut rejetée.

Quand il n'y eut plus rien à faire, Bakounine proposa d'incendier les maisons des aristocrates et de faire sauter en l'air l'Hôtel de Ville avec tous les membres du gouvernement y compris lui-même. En disant cela, il tenait en main un pistolet armé.

Vous connaissez le reste, Monsieur. Arrêté quelques iours après la prise de Dresde, Bakounine fut jugé par une cour militaire et condamné à mort avec ses deux braves collègues, Heub-ner et Reitchel. Lorsqu'on lut la sentence qui ne pouvait pas être exécutée, parce que la peine de mort, abolie par la diète de Francfort pour les délits politiques, n'avait pas encore été rétablie, on trompa les condamnés en leur proposant de se pourvoir en grâce. Bakounine refusa et dit que la seule chose qu'il craignait, c'était de retomber dans les mains du gouvernement russe, mais, puisqu'on se proposait de le guillotiner, qu'il n'avait rien contre cela, bien qu'il eût aimé mieux être fusillé! L'avocat lui représenta qu'un de ses collègues avait une femme et des enfants, et qu'il était fort probable qu'il consentirait à se pourvoir en grâce, mais qu'il renonçait, depuis qu'il connaissait le refus de Bakounine. «Dites-lui donc, – répliqua aussitôt Bakounine, – que je consens, que je signerai la pétition». On n'insista pas davantage et l'on fit semblant que la commutation de la peine avait été un acte spontané de la clémence royale[76].

C'est alors que le gouvernement autrichien demanda qu'on lui livre Bakounine. On l'envoya les fers aux pieds. On le fit juger, juger un homme condamné à mort et puis à la détention perpétuelle, pour des faits antérieurs à sa condamnation!

Lorsqu'on pressa à Dresde Bakounine de dire quelle avait été la cause de ce qu'il prit une part si active à la révolution allemande, il répondit: «Je continuais ici ce que j'ai fait toute-ma vie; je servais ici la cause de la révolution slave». Il n'en fallait pas davantage pour commencer l'horrible torture qu'il a subie.

Parmi les belles lois qui régissent l'Autriche, il y en a une: permet au juge d'une cour martiale d'appliquer la bastonnade dans les cas où tous les juges ont la conviction que le prévenu dit pas toute la vérité. Ces ignobles barbares ont appliaué cette loi à Bakounine. 11 faut vous dire qu'il ne cachait absolument rien de ce qui le concernait personnellement, mais il ne voulait pas parler d'autrui. Après chaque séance Bakounine subissait la schlague.

Il ne lui manquait encore que la schlague morale. La Gazette d'Augsbourg, organe volontaire du cabinet de Vienne, insérait des correspondances de Prague, dans lesquelles on disait que beaucoup de personnes étaient arrêtées par suite des révélations graves faites par Bakounine. Cela me rappelle l'histoire qu'Andryane raconte dans ses Mémoires d'un prisonnier d'Etat.

Salvotti, l'inquisiteur impérial de Milan, disait au comte Confalonieri: «Vous vous obstinez à ne rien dire, à jouer l'héroïsme, c'est bien; mais demain je ferai insérer dans les journaux que vous avez dénoncé vos amis, et vous n'aurez aucun moyen de donner un démenti». Ce noble Salvotti est maintenant membre du Conseil d'Etat à Vienne et s'occupe des affaires de l'Italie.

C'est avec répugnance que je toucherai maintenant une réminiscence douloureuse. Il y avait des Allemands, et malheureusement aussi des Polonais, qui répandirent le bruit infâme que Bakounine était un agent du gouvernement russe. Cette calomnie l'a poursuivi jusqu'à la prison, grâce à un folliculaire de la Gazette Rhenane. Ce dernier racontait que Mme G. Sand avait dit qu'elle tenait pour sûr de M. Ledru-Rollin, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, que Bakounine était un employé de l'ambassade russe. Un des amis de Bakounine s'adressa directement à Mme Sand, qui donna le démenti le plus complet et écrivit une lettre qu'on envoya immédiatement à la rédaction e Journal de Marx. Mais ce n'est que lorsque les os du pauvre martyr craquèrent sous les instruments de torture, qu'on est revenu de cette infâme calomnie.

Je ne sais comment cela se fait, mais dès qu'on voit un Russe evolutionnaire, on le prend pour un agent du tzar; tantôt on ne trouve pas comment concilier l'origine aristocratique avec les convictions d'un démocrate, tantôt on s'étonne de ce que les hommes riches sont des socialistes. Notre habitude de jeter, l'argent, notre radicalisme franc choquent le monde burgeois J'ai entendu plus d'une fois l'observation suivante: «Comment faisait Bakounine pour avoir de l'argent? Sa famille ne lui envoyait rien, et pourtant il en avait quelquefois, on a au moins le droit de soupçonner que cet argent lui venait du gouvernement russe».

En terminant, je dois vous dire, Monsieur, que tous les détails sur Bakounine depuis 1848, je ne les connais que d'après les récits de quelques Allemands et d'après les journaux. La dernière lettre que j'ai vue de lui, était écrite au commencement de 1850 du Hradschin (forteresse de Prague). Depuis son départ pour Olmiitz, rien n'a transpiré. Un chambellan du roi de Prusse s'est vanté à une table d'hôte, à Genève qu'il était allé voir Bakounine à Olmiitz (non par sympathie, mais comme une rareté); il disait qu'il l'a trouvé enchaîné à un mur, dans une petite cellule obscure, qu'il était faible, souffrant et que sa voix était éteinte.

Bakounine a été transféré d'Olmiitz dans une prison humide, en Hongrie, et de là, comme on nous écrit, à Schlusselbourg. On dit qu'il y a été torturé.

Alexandre Herzen (Iskander)


P. S. – Etant à Kœnigstein, Bakounine a publié, en allemand, une petite brochure très énergique sur la Russie sous le titre: Russische Zustände.

<1851>

Михаил Бакунин*

Милостивый государь,

Вы пожелали ознакомиться с некоторыми подробностями биографии Бакунина. Я глубоко тронут честью, какую вы мне оказываете, обращаясь ко мне и предоставляя мне возможность поговорить об этом герое, с которым я был очень близок. Пусть эти наспех сделанные заметки помогут вам создать ему мученический венец! – он достоин, милостивый государь, венца, сплетенного вашими руками.

Вы выразили также желание получить его портрет; со временем мне, быть может, удастся достать тот, который был сделан в Германии в 1843 году и который я видел в России. Он довольно похож. Пока же, чтобы дать вам хоть какое-нибудь представление о внешности Бакунина, рекомендую вам старые портреты Спинозы, которые можно найти в нескольких немецких изданиях его произведений; между обоими этими лицами большое сходство.

Михаилу Бакунину теперь лет 37–38.

Он родился в старинной аристократической семье и в состоянии, равно удаленном как от большого богатства, так и от стеснительной бедности. Это наиболее просвещенная и прогрессивная среда в России. Чтобы дать вам, милостивый государь, представление о том, что волнуется и бродит в недрах этих семей, столь безмятежных с виду, мне достаточно будет рассказать о судьбах дядей Бакунина, Муравьевых, на которых он сильно походил своей высокой сутуловатой фигурой, светлоголубыми глазами, широким и квадратным лбом и даже довольно большим ртом. Одно только поколение из рода Муравьевых дало трех блестящих своих представителей восстанию 14 декабря (двое и них принадлежали к наиболее влиятельным его участникам; один был повешен Николаем, другой погиб в Сибири), палача – полякам, обер-прокурора – святейшему синоду и, наконец, супругу – одному из министров его величества.

Можно себе представить, какая гармония и какое единство царят в семействах, составленных из столь разнородных элементов.

Михаил Муравьев, виленский генерал-губернатор, любил повторять: «Я не принадлежу к тем Муравьевым, которых вешают, а к тем, которые вешают».

Детство Бакунин провел в родительском доме в Твери и невдалеке от этого города, в поместье своего отца. Последний, слывший за человека весьма умного и даже старого заговорщика времен Александра, не особенно любил сына и отделался от него при первой же возможности. Он определил Бакунина в артиллерийское училище в Петербурге.

Военные училища в России ужасны, именно там, на глазах у самого императора, выращивают офицеров для его армии. Именно там «сокрушают душу» детям и приучают их к беспрекословному повиновению. Мощный дух и могучее тело Бакунина счастливо прошли через это суровое испытание. Он закончил свое обучение и был зачислен на службу артиллерийским офицером. Желая удалить его, отец воспользовался содействием знакомых генералов и услал своего сына из Петербурга в артиллерийский парк, расположенный в унылой Белоруссии.

Молодой человек погибал там от скуки; он до такой степени загрустил и впал в меланхолию, что у начальников его появились серьезные опасения насчет его здоровья, и поэтому никто не возражал, когда год спустя он подал в отставку. Освободившись от службы против воли своего отца, без связей, без поддержки, без денег, он приехал в Москву. Это было в 1836 году. Бакунин был словно затерян в незнакомом ему городе; он искал уроков по математике – единственной науке, с которой был немножко знаком, – но не находил их. К счастью, несколько времени спустя, его представили одной даме, которую вся литературная молодежь того времени любила и глубоко уважала, – г-же Е. Левашовой (эту святую женщину можно смело назвать по имени; уже более десяти лет ее нет на свете). То было одно из тех чистых, самоотверженных, полных возвышенных стремлений и душевной теплоты существ, которые излучают округ себя любовь и дружбу, которые согревают и утешают все что к ним приближается. В гостиных г-жи Левашовой можно было встретить самых выдающихся людей России – Пушкина, Михаила Орлова (не министра полиции, а его брата, заговорщика), наконец, Чаадаева, ее самого задушевного друга, адресовавшего ей свои знаменитые письма о России.


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